Je l’ai vu dés le samedi matin. Je suis sûr que c’était lui. A un
mètre de moi ou peut être moins. Je faisais le tour du jardin, des pas
dans la première neige répandue durant la nuit, une poudre délicate
qui se soulevait au moindre souffle et qui s’éclairait au soleil. Je
contemplais la nouvelle couleur des branches, l’accumulation des
flocons sur les feuilles du hêtre, je cherchais un angle de vue pour
embrasser tout ça, en tâchant de laisser le moins de trace possible,
en essayant de ne pas tout salir. Je m’intéressais aux petites pommes
rouges, aux seules tâches de couleur et c’est là que je l’ai vu,
soudain, sauter sur une branche, puis sur une autre. J’ai fait un pas
de côté, j’ai écarté une tige du pommier, il avait disparu, sans bruit
d’aile, sans un cri.
Le dimanche soir, dans la cuisine, je commençais à tout ranger, à
remettre la vaisselle dans les placards à couper le gaz, à fermer le
sac poubelle et soudain par la fenêtre une ombre, un mouvement, je ne
sais quoi qui indique de l’activité dans les jardinières. Le temps de
s’accroupir, de saisir l’appareil, de s’approcher sans se faire voir,
d’appuyer sur le déclencheur, de se prendre de plein fouet le contre
jour, l’énorme reflet dans le double vitrage, cela avait pris fin,
sans savoir si ce n’état pas simplement un moineau ou un rouge gorge.
Il faudra attendre, tard le soir, le développement des photos sur
l’ordinateur, de pousser le curseur de contraste au maximum, pour
enfin découvrir sa tête fantomatique, sa petite gueule minuscule de
troglodyte.
dimanche,05 février, 2012 | Auteur: laurent
Catégorie: Faune
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