Parfois au long de ma journée, il m’arrive de sentir que mes démons familiers me laissent quelque répit. Je m’assieds ; je rêve avec béatitude et sans objet. Je ne pense à rien. C’est ça : Je pense mais je ne pense à rien. Je suis presque absent de moi-même. Alors, venu du fond de ma mémoire, un petit souvenir inconnu apparaît. Il approche avec précaution, comme un oiseau, il est farouche et sautillant mais si je veux le saisir, il s’envole ne laissant qu’un léger courant d’air.
En ouvrant “Les livres du bonheur” de Georges Duhamel, que j’ai fait aller chercher au fond de la réserve de la bibliothèque municipale, je fus surpris par les rumeurs, les odeurs et les couleurs qu’il contenait, par la force avec laquelle tout m’a sauté à la figure. Portées à la fois par le contenu des phrases légères, fines et tendres mais aussi par les bouts de ma mémoire que j’avais laissé accrochés à ce livre, des années auparavant. Un réveil inattendu de parfums, de musique et de décors.
Ouvrir un livre, même dans une édition plus récente et se sentir bousculé, balloté jusqu’au salon d’un appartement d’Auxerre au siècle dernier.
Je n’ai pas encore retrouvé le passage sur les fourmis et le pot de confiture. Mais en savourant chaque page et je ne le manquerai pas.
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