Parfois il suffit de sortir, d’enfiler son manteau, de prendre l’air, pour la solitude, histoire de faire quelques pas et puis soudain l’idée vous vient de lever les yeux. De jeter un œil sur le ciel, de vérifier la position des nuages et de se rassurer sur la tournure que peut prendre la météo. Et au moment de tourner la tête, attiré peut être par un bruit, il y a cette vision soudaine et rapide d’un canard volant le bec ouvert.

Ce n’est déjà pas si mal, il fallait être là pile à ce moment, cela prouve bien que l’on a bien fait de sortir et on peut penser à rentrer, surtout que le fond de l’air reste frais.

Bien sûr, on peut tenter de lever de nouveau la tête, on peut toujours espérer, voir jusqu’où les choses peuvent nous être favorables certains jours.

Et là, paf, un vol de grue. Juste au dessus. En formation serrée et tout le toutim.

Ensuite, il serait osé de retenter quelque chose. On peut rentrer en souriant, heureux d’avoir pris l’initiative de ce tour dans le jardin.

Donc les abeilles ont flairé et sont venues, deux par deux en butineuses venir piocher le nectar et le pollen des fleurs parfumées du viorne. Visitant les fleurs, jouant du jabot, créant le miel.

La grosse pelote de grains de pollen est bien visible sur les pattes postérieures coincées entre de longs poils.

Difficile de savoir où peut bien être la ruche, pourtant alors qu’elles sont venues en suivant un chemin d’odeur complexe, le retour se fait le plus rapidement possible, directe, même sans repère visuel.  

Elles ont commencé par se bécoter, se rapprocher l’une de l’autre en équilibre sur le rebord du muret.

Elles se sont regardé longuement avant une nouvelle longue séance d’échange de petits coups bec à bec. Pas de parade ni de roucoulement, elles ont fait cela simplement en quelques coup d’ailes. Et puis elles sont restées ensemble au moins le temps de ma présence.

Les premières fleurs à apparaître dans le jardin cette année sont celles des Viornes Bodnantenses. D’un rose à intéresser les abeilles les plus travailleuses, à vous sortir de l’hiver dare-dare et avec un parfum du genre mélange miel, vanille et pourquoi pas amende.

Quelque chose qui laisse croire en mars puis avril malgré le froid porté par un petit vent.

Nous n’en sommes pas encore à pouvoir observer les oiseaux dans la cabane attachée à l’îf. Ils ne semblent pas convaincus par l’architecture, par la couleur ou bien est-ce l’orientation.

Alors on se contente de suivre les lignes téléphoniques et électriques qui entourent la maison et le jardin.

Et il s’y passent des choses sur les lignes, le chant du rouge gorge, les ébats des tourterelles turcs, les perfidies des pies et on en passe…

Mais bref, de mouvement vers la cabane, aucun. On préfère chasser depuis de plus haut tout en se moquant des conséquence d’avoir une patte posée sur un fil parcouru par de la moyenne tension.

On se balance, on joue au somnambule ou l’on fait la causette. Bref, la ligne électrique est le moyen parfait pour se reposer, pour retrouver ses amis ou pour se moquer des rigolos qui laissent des miettes de pain dans une maison en bois.