Elles n’ont fait que longer le jardin pendant tout l’été. Se poser parfois sur la haie pour repartir aussitôt.

En transit. Il fallait faire vite pour les prendre en photo, faire ressortir leur silhouette devant le ciel uni comme le blanc d’une robe de mariée.

On nous avait dit, c’est une plante robuste, solide, qui résiste à la sécheresse en plus c’est tellement toxique que ce ne sont pas les pucerons qui viendront lui grignoter les feuilles.

Alors on avait dit pourquoi pas, mettons le là, où l’herbe ne pousse pas. On se demandait d’ailleurs pourquoi l’herbe ne poussait pas justement là.

Depuis, le fusain perd ses feuilles, une par une. Depuis nous avons lu quelque part, que le maître en matière de plante toxique c’est le îf. L’arbre sous lequel il est planté et qui lui fait de l’ombre.

C’est l’histoire d’une éphémère à qui il ne preste plus que quelques minutes à vivre. C’est l’histoire d’une révolte, d’une curiosité, d’une folle envie de quitter son environnement, de tourner le dos à son devoir d’accouplement et de ponte dans les eaux stagnantes située de l’autre côté du boulevard sans doute. D’une irrésistible envie de découvrir le monde avec les yeux ouverts au maximum pour ne rien louper, en voir le plus possible.  Avant de se faire dévorer.

C’est une drôle d’histoire.

Il existe une fable de Jean de la Fontaine où il est question de Tircis mais pas de papillon.

C’est une fable dédiée à Gabrielle-Françoise de Sillery la nièce de La Rochefoucauld, une belle jeune fille de 24 ans et grande amatrice de poésie. Une fable où il n’est question que d’amour et dont le préambule n’est qu’une description de la jeune beauté. Une fable comme un message ou un aveu. Un discours compliqué lorsque l’on en est resté à déchiffrer “Le loup et le chien”.

A chaque fois, comment ne pas penser à Calvin ? A ces interrogations ?

Comment les mouches, qui volent comme des folles à près de 300 km/h et pas forcément droit, dans toutes les directions, en zigzag, en arrière, en haut, en bas et tout, comment font elles pour ne pas vomir tout azimut ? 

La vue de ces deux punaises, l’une faisant la sentinelle au sommet d’une branche et l’autre se confondant avec la couleur des feuilles m’a rappelé la première fois où je découvrais des phasmes.

J’avais dix ans et ma mère travaillait pour l’été dans un musée d’histoire naturelle. 

Il ne faut pas croire qu’elle avait des connaissances particulières mais elle a était fière un soir, après la fermeture du musée de me montrer des vivariums où il ne me semblaient reposer que les brindilles d’une plante séchée. Je me souviens de sa joie devant ma surprise en découvrant que ces morceaux de bois pouvaient bouger.

La gaieté enfantine à examiner ces drôles de bêtes en écoutant les explications de ma mère. Le souvenir d’un lien. Un peu comme si ensemble nous découvrions que nous étions capable de faire décoller une fusée.      

J’entends des bruits derrière la haie de îfs. Je me demande qui cela peut être. Je m’attends à voir une ombre, que l’on m’appel par mon prénom, doucement.

Ce n’est que le merle noir qui sautille sur les feuilles séchées. 

Ce matin, sur la pelouse il y a comme une barbapapa.

Enfin, façon Tim Burton.

– Ne te retourne pas. Je crois qu’on nous regarde.

– Patate !

– Avoir planté des chardons dans la haie est très courageux !

– Ah, très drôle ! Je ne me sent pas de taille à lutter contre toutes les plantes vivaces ! D’ailleurs, c’est voulu. Un bon moyen pour attirer les chardonnerets vois tu ?

– Et alors viennent-ils ?

– Non. A croire qu’ils n’osent pas .