La position accroupie est loin d’être confortable, l’équilibre y est précaire et avec Marie à mes côtés je prévois l’effondrement imminent. Bien sûr cela nous fait rire, ce balancement, ces mouvements de bras dans l’air pour garder notre posture, s’accrocher l’un à l’autre au risque de tout faire tomber. Nous sommes censés être silencieux et immobiles, nous sommes cachés derrière le tronc de l’if, sous une couverture. Vu de côté nous devons être raisonnablement ridicule. Vue d’oiseau, il ne doit être visible ni mains ni têtes et lorsque la première charbonnière se pose dans le bouleau, à moins de trois mètres je retiens ma respiration.
Je murmure quelques mots à Marie qui a retrouvé une vieille paire de jumelle Dieu sait où et l’ajuste comme elle peut en direction de l’arbre. Je soulève mon appareil photo, l’oiseau est dans le viseur, dégagé, je fais la mise au point en sortant ma main de la couverture et déclenche. Je murmure, « la vois tu ? , juste devant toi ». Marie ne sait pas murmurer alors elle râle, « c’est tout noir, c’est tout noir »
Le grossissement de ces lentilles est tel que je ne sais pas si elle parle de la calotte de la mésange et lorsque l’oiseau s’envole je me rends compte que c’est la couverture qui retombe et couvre les lentilles de ses jumelles.

La mésange bleue construit son nid en partie avec des herbes aromatiques, même si il faut aller les chercher loin.

Ouaip ! Comme ça quand elle rentre au bercail, ça sent bon la cuisine, comme le plat mijoté depuis longtemps.

Et alors ravie elle, tintine, zinzinule ou zinzibule. Et moi, ça me met aussi de bonne humeur.

En Louisiane les liquidambars

étalent de magnifiques nuances du pourpre à l’écarlate.

Ici, une seule feuille rouge.

Mais en prolongement de laquelle on trouve à tous les coups

la lune.

Et dire qu’on a voulu le couper. Pour un peu d’écorce qui se détache.
Un arbre qui vivait déjà une quarantaine de millions d’années avant l’apparition des dinosaures. Un arbre qu’on s’échangeait contre 40 écus. Et bien, il semble se torde de rire, croyez moi,  on a l’impression qu’il en rigole.
De toutes ses belles dents en or.

La mort annoncée de la télé hertzienne dans quelques jours alimente maintenant les conversations du matin des filles.  La demande de changement de téléviseur se fait de plus en plus entendre dans le salon, mais personnellement je trouve que le vieux poste de ma maman fait maintenant un peu partie de la maison. Et puis c’est un peu rude pour cet objet associé à tant d’anecdotes ! Tiens avec quoi on failli mettre le feu à la casbah l’autre jour ?

Même si, oui, je dois reconnaître qu’il est barbant d’avoir à se lever pour régler manuellement les chaînes dés que quelques plumes viennent se poser sur l’antenne. 

Marie voulait construire une cabane dans le jardin et précisément entre les branches du tilleul. Le mieux, ai-je conseillé, est encore de voir si on peut trouver des plans dans un livre traitant de cabanes à la bibliothèque municipale. Nous sommes rentré avec sous le bras un exemplaire de "copain des bois" et en le consultant, je suis resté en arrêt devant un dessin de troglodyte. Bah, pas de doute, j’ai supprimé de l’ordinateur une photo de cet oiseau, une photo si mauvaise que j’avais pensé à un accenteur mouchet. J’ai retourné la corbeille, j’ai remis la main dessus, elle est vraiment pas terrible cette photo mais reste la seule aujourd’hui de cette oiseau minuscule, qui niche quelque part, au sommet de la haie.

Ce matin,

sur la corde à linge,

enfilage de perles