J’ai l’impression d’être Calvin, d’avoir attrapé un papillon dans un bocal.
Je peux le montrer mon papillon, je peux aller, fièrement, voir mon pote Hobbes et lui mettre sous le nez mon bocal en lui disant : « regarde j’ai attrapé un papillon ». Et je sais aussi que Hobbes, à sa façon, mettra un terme à cet état de grâce, car Hobbes ne regarde pas les papillons de la même façon, qu’il me répondra quelque chose comme : « si les gens pouvaient attraper les arcs-en-ciel et les enfermer dans des zoos, ils le feraient » ce qui donne plutôt envie d’ouvrir le bocal pour laisser partir le papillon.
J’ai l’impression que dans la plupart des langues, le mot papillon n’a pas d’étymologie facile. Qu’il ne ressemble à aucun autre mot. En anglais, butterfly signifie ‘mouche à beurre’, alors qu’il n’y a aucun rapport entre le papillon et le beurre mais bon, nul doute qu’il s’agit d’une nouvelle trace d’humour anglais.
Peut être tout simplement que ce mot on ne peut le rattacher à aucun autre, que c’est trop compliqué, qu’un papillon coloré, qui vole de cette façon aérienne, légère, imprévisible et silencieuse cela ne ressemble à rien. Un animal impossible, aussi impossible qu’un arc en ciel, presque sans aucune valeur réelle, presque comme un bout d’imagination, un vrai rêve.
Un jour, Zhuangzi se réveille en sueur parce qu’il a rêvé qu’il était un papillon…
Or, en se réveillant, il n’arrive pas à déterminer s’il est Zhuangzi rêvant qu’il est un papillon, ou s’il n’est pas plutôt un papillon rêvant qu’il est Zhuangzi…