Il faut considérer que j’avais le choix, qu’il y avait plusieurs manières d’arriver au bout. Il était possible de voir ça avec un système de poulies et de cordes pour reproduire la traction d’un téléphérique, solution qui a l’avantage de s’affranchir des contraintes de longueur à condition de posséder un bon tendeur, ou la tige filetée. J’ai opté pour la tige filetée avec un écrou, dont la longueur est fixe mais qui peut se monter facilement à l’arbre du moteur, par reconnaissance aussi, pour l’invention, qui a permis un jour de transformer un bête mouvement de rotation en translation.
J’ai attaché l’écrou au charriot avec une clé de 10, la clé bloque l’écrou qui avance lorsque la tige commence à tourner, entrainant le charriot. C’est un peu primaire, il aurait fallu souder, réaliser une pièce adaptée, ne pas se contenter du premier bricolage qui fonctionne. J’ai découpé des glissières de cache fil électrique que j’ai trouvé dans la cave, pour faire un revêtement lisse pour les roues du charriot que j’ai graissées. J’ai pris une première bière, cela s’annonçait bien, cela ressemblait un peu à des pistes de tire fesses mais plates, qui n’escaladent rien, les tapis roulants de la gare Montparnasse, en mieux. J’ai consolidé avec des tasseaux, j’ai fixé le moteur que j’ai équipé d’un interrupteur. J’ai tracé sur le bois une flèche indiquant le sens de rotation correspondant à la direction à prendre pour le petit charriot afin d’éviter qu’il se retrouve précipité dans le vide dés le départ. Il me restait du bois, j’ai cloué des butées aux bouts des pistes.
Il faut un peu d’attention pour voir l’ensemble tourner, la tige puis les roues du charriot, 10 minutes pour faire 3cm, un système parfait contre l’insomnie.
A la fin, j’avais vidé mes tiroirs, sorti tous mes outils étalés un peu partout. Je suis allé chercher une planche dans le garage, une assez large, j’ai aligné les tournevis, les clés, les pinces, j’ai sorti une boite de clou et j’ai réalisé ce que tout homme de 40 ans se doit de posséder, une planche porte outils. J’ai commencé à dessiner le tour de chaque outil, l’empreinte de chacun, jusqu’à me rendre compte que j’avais oublié la place pour la clé de 10.