Il neigea dans la nuit du premier janvier 2004.
Ce fut une surprise qui fut accueilli comme il se doit par une bataille de boule de neige, à travers tout le jardin que nous découvrions pour la première fois de cette couleur.
Je me souviens des voisins chez qui nous étions allés souhaiter la bonne année un peu plus tard dans la journée, nous dire le sourire aux lèvres la joie qu’ils avaient eu d’entendre les enfants chahuter dans la neige.
En guise d’enfants, nous étions une poignée de jeunes parents (a quelques exceptions) à nous courir après, de la neige tassée plein les mains, quelques bulles de champagne encore vivaces dans les veines.
Claire qui n’a pas oublié la boule reçue en pleine tête ce matin là, dont les cris avaient mis en terme à la joyeuse cohue, se prépare à une revanche quelque soit la saison.
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Cet automne,
Tailler les branches du tilleul qui lui font des mèches d’adolescent,
Ramasser les feuilles dans les sacs a gazon de chez Mr Bricolage,
Coudre des jambes de vieux pantalon pour faire une housse insonorisante qui permettra de photographier les oiseaux dans la neige sans bruit,
Rentrer tout le bois dans la remise,
Vider le garage,
Fabriquer un charriot de travelling (motorisé ?) ,
Attendre le printemps.
Des conversations à l’étage, désinvoltes, quand soudain un cri, haut perché, gonflé par l’horreur, la peur. Une course dans les escaliers, un corps qui pousse à la fuite, descendre à toute vitesse et en bas devant mon aire étonné, on reprend ces esprits, on fait mine de rien, on dit juste : « Une araignée », dans un souffle. Mais en haut, la voix de celle qui est restée, qui précise : « une araignée complètement morte en fait ».
Et si on allait plutôt faire un tour dans le jardin ?
– Eh Camille ! Tu ne te serais pas caché dans le grenier pour y dormir des fois ?
– Oh non ma bichonne / mon bichon…
– C’est ça, prend moi pour une cruche / un cruchon
Je ne sais pas ce que c’est. J’ai vérifié pioché parmi les quelques 220 photos d’espèces de pics recensés mais je n’ai pas trouvé de véritable correspondance. Pas de calotte rouge, pas assez ou trop tacheté, pas le même contour des yeux. Par dépit, nous le nommerons le pic « oh! bon sang ! » en rapport avec les premiers mots qui me sont venus lorsque je l’ai aperçu sur le pommier tout en me rendant compte que l’appareil photo était à un bout de la maison et l’objectif adéquate, à l’autre.
Voici un rare moment, où l’on regrette le manque de fantaisie des pilotes de ligne, qui pourraient, par de simples mouvements de manche, réaliser de belles choses, pendant les poses longues de mes photos.
Au fond d’une cuvette le jour s’écoule, le soir se pose ; elle s’emplit lentement de ténèbres, puis les étoiles s’allument au-dessus de nos tête où elles scintillent éternellement. Que veulent-elles de nous et peut-être surtout : que voulons-nous d’elles ?
Peu de vestiges évoquent à présent la lumière. Nous sommes nettement plus proches des ténèbres, nous ne sommes pour ainsi dire que ténèbres, tout ce qui nous reste, ce sont les souvenirs et aussi l’espoir qui s’est pourtant affadi, qui continue de pâlir et ressemblera bientôt a une étoile éteinte, a un bloc de roche lugubre. Pourtant, nous savons quelques petits riens a propos de la vie et quelques petits riens à propos de la mort : nous avons parcouru tout ce chemin pour te ravir et remuer le destin. Contentons-nous de cela pour l’instant. Ensuite, nous verrons bien.
Il y a 7 ans, la première chose entreprise fut d’arracher des arbres.
Ceux déjà morts, les malades, les dangereux, les trop envahissants.
Il y avait là un petit bois essentiellement composé de sapins et d’ifs, un petit bois à domicile,
et je tâche de ne pas imaginer les possibilités, qu’auraient pu apporter un tel univers à la fois sombre et drôlement peuplé, sur notre vie ici.
La défaillance de l’éclairage de la rue nous permet ce soir d’apprécier le ciel étoilé et de retrouver sans mal la Grande Ourse.