Articles de » 2012 «
On n’osait pas se l’avouer mais oui la mousse sur ses branches, les fleurs de plus en plus rares et éparses, aucun signe de progression d’épanouissement, on savait bien que quelque chose clochait. Nous avions peut être peur d’en parler redoutant qu’il n’y ai pas de solution, que les seuls conseils que l’on pourrait nous donner soit de l’arracher, de ne pas perdre de temps pour replanter autre chose. Lui qui devait profiter de l’espace que nous avions crée autour de son tronc comme on nous l’avait prédit, se décharne petit à petit.
J’ai taillé les branches nues.
On essaiera de mettre de l’engrais au pied. Cela semble peu de chose, nous ne sommes guères confiants.
Je ne sais comment cela s’est construit, mais cela n’a rien à voir avec le hasard. Le merle connait parfaitement son rôle, il se positionne dans un endroit stratégique, sur le mûr ou même sur la pelouse là où il peut avoir une vision d’ensemble. Si on cherche à établir un semblant de surveillance, si on se doute de quelque chose, on se focalisera sur son bec orange détournant l’attention de la grive dont la robe se confond avec celle du mûr, qui déjà, agrippée aux grappes, cachées derrière les lianes de la vigne, attaque méticuleusement les grains de raisin. Je me demande comment on construit une telle association, comment est rétribué le merle, engagé pour son cri d’alarme qui donnera l’alerte si je fais le moindre pas vers la vigne.
Le filet n’empêche pas le pillage, il risque seulement de blesser les oiseaux lorsqu’ils sont découverts et qu’ils cherchent à s’enfuir. Je décide de le retirer mais par amour propre, pour montrer que je ne cède pas complètement, je vendange la plus grande partie, en laissant de ci de là, quelques grappes qu’ils dévoreront dés que j’aurai tourné le dos. A noter que cette année, la production de cette vigne vierge sera très largement supérieure à celle des cent pieds, amoureusement taillés, qui nous permettent d’habitude de puiser notre vin de l’année.
Pendant quelques années les indiens ont pu se défendre face aux blancs grâce à leur habilité à l’arc. Les armes à feu étaient encore rudimentaires et peu précises. Le temps de recharger une arquebuse ou un fusil, un indien vous tirait quatre flèches sans même arrêter sa monture. Apprendre à tirer chez les jeunes était un pas vers le chemin de l’indépendance, une façon de s’affirmer auprès des plus âgés.
Dans notre trip tipi,
indiens, vie à la nature, etc.
on a qu’a dire que les mouches sont les vautours de notre plaine sauvage,
qui attendent patiemment la charogne et la viande froide
et plombent de leur vols funèbres,
l’atmosphère déjà brulante de nos terres sacrées.
A travers une herse d’herbes folles où un flot de lumière dégringole, un minuscule funambule tourne et telle une bulle s’arrime sur un bout de tulle.
Equilibriste et opiniâtre, l’acrobate à six pattes, essaye tout simplement de faire de l’épate.
Encore raté crie l’araignée.
Les branches taillées du tilleul nouées ensemble à une extrémité, une veille couverture pour en faire le tour et nous voici sous le tipis installé au milieu du jardin. La vieille chatte Félix (son nom n’a pas encore été modifié suite à la découverte de sa féminité) s’installe dessous avant nous, avant même d’avoir eu le temps de ramener les coussins, les Bds et le jeu de carte. Il y fait agréablement frais, de là, nous pouvons suivre la vie du jardin à hauteur d’herbe. Certains passent sans nous voir, certains nous cherchent encore.
La saison des photos automatiques de nuit touche à sa fin. La température et surtout l’humidité rendent l’exercice difficile, il est très désagréable de retrouver l’appareil couvert de buée et de fines gouttelettes. Il ne faut pas se lancer la dedans si le point de rosée prévu n’est pas inférieur au moins de deux degrés à la température prévue paraît-il. Je n’ai aucune idée de comment connaître le point de rosée, je m’en trouve bête, mais autant tout remballer alors qu’ils annoncent des nuits de gelée.
Un mouvement dans le îf, une ombre, sur le tronc, un mouvement,
rapide,
éphémère,
un instant, une mise au point hasardeuse,
un oiseau,
et plus rien.
Il m’a fallu du temps pour m’en rendre compte : la queue de l’oiseau n’est pas rouge, ne serais-ce que ça.
J’ai posé ma clé à molette, je me suis assis sur l’herbe, sa taille, sa façon de se percher sur les toutes premières branches des arbres, son bec noir m’ont laissé croire à l’habituel rouge queue et à ses mimiques. Il y a une chasse d’eau au premier qui m’attend mais les oiseaux sont revenus et celui là, avec son plastron coquille d’oeuf, m’intrigue bien plus que les autres. Un robinet qui goutte, une baignoire bouchée, quand ce n’est pas la cave qui est inondée ou un radiateur à purger, la flotte c’est le talon d’Achille de cette maison. Il faut prévoir d’y passer une partie de week-end end, il est difficile de passer au travers, de ne pas laisser engloutir ses plus belles heures sous un lavabo ou dans un siphon.
Il a le même œil noir, la même façon de chasser mais il est beaucoup plus claire. Ma présence ne semble pas le déranger, il sait que je ne fait que passer, il doit bien percevoir le bruit des gouttes qui tombent et m’appellent en dessinant une flaque sur le carrelage de la salle de bain.