Il a fallu de l’eau. Je ne sais pas par où elle est rentrée, il parait qu’il a bien plu, qu’on a battu des records. Les gouttes se sont accumulées puis rassemblées, en glissant, en se transformant en petits boudins liquides, juste ce qu’il faut, une très grosse larme, assez pour remplir l’espace entre le neutre et la phase, assez pour faire sauter les plombs et plonger la maison dans le noir.
Pourtant la prise électrique est à l’abri. Elle est protégée par le toit du auvent, je n’aurai jamais imaginé cela. A moins que le toit fuit, à moins que cela soit simplement l’humidité. C’est plus pernicieux l’humidité, on ne voit rien arriver et tout à coup vous avez de la buée sur les lunettes ou les vitres des voitures. C’est peut être cela, de l’eau qui n’a pas pu s’évaporer, qui est venue sous forme de fumée, qui est restée prisonnière de la prise de courant pour se retrouver en eau avec la chaleur du jour.
Les conséquences furent pénibles. Après deux heures de route, il a fallu vider le congélateur et éponger le sol. Des kilos de nourritures potentiellement avariées ont remplis deux sacs poubelles, dont les coquilles-saint-jacques ramenée l’an dernier de Normandie, le hachis de canard non consommé à noël, les pots de glace transformées en soupes. J’étais fier de sauver une boite de Magnums, un peu mous, mais qui pouvait égailler le repas composé d’une unique pizza, qui, elle, avait eu le temps de refroidir. Ils n’étaient pas bons les Magnums, j’ai cru tomber malade.
Comment j’aurai pu imaginer que le coût de mon installation, prévue uniquement pour photographier un jardin tous les jours, allait exploser pour inclure le prix de trois mois de nourriture ? Cette prise électrique je l’avais installé quinze jours auparavant sous un soleil de plomb et avec une tendinite et voilà qu’elle flanche au premier orage. Cela me laisse entrevoir de bons moments pour toute cette année que ce projet est censé durer.
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