Article d'auteur
Il s’est violemment cogné contre la vitre de la cuisine. Cela lui a pris comme ça de foncer et il est tombé comme une pierre. Dans un réflexe je suis sorti pour le ramasser mais il s’est aussitôt envolé pour se cogner en plein dans le mur.
Je pense que la concurrence sous la mangeoire est assez coriace pour son petit gabarit et un merle a du l’effrayer ou je ne sais quoi.
J’ai attendu un peu avant de le prendre dans mes mains. Il était complétement sonné, ne tenant plus sur ses pattes, il faisait peine à voir. Je l’ai reposé sur la table au centre du jardin, assez loin des obstacles, sur le flan, vers l’abreuvoir et je me suis reculé pour qu’il retrouve un peu ses esprits.
Au bout de quelques minutes il a réussi a se remettre difficilement en équilibre et le temps que je chercher le numéro de la LPO et il avait disparu.
On ne l’a pas revu. Mais ces apparitions sont rares et je ne sais que penser.
Sur la liste rouge des Papillons menacés, en France, on ne trouve ce papillon que dans 5 départements du sud Est du pays et plutôt dans les petites montagnes.
Quelle surprise de le découvrir, chez moi, dans la cave, ouvrant ses ailes, cherchant la lumière, comme si les températures n’étaient pas négatives dehors. Je me demande bien d’où il peut venir, quel chemin il a emprunté pour finir par se poser sur le sol près de la chaudière.
Il n’est pas très en forme, il reste au sol, ouvrant et refermant ses ailes. Je tâche de ne pas l’écraser à chaque fois que je viens chercher un morceau de bois à bricoler, je ne vois pas trop ce que je peux faire, il ne faut sans doute pas intervenir. Le sortir me semble très risqué, s’il souhaite dormir au chaud au milieu des géraniums en hybernation il est le bienvenue lui et son mystère.
Première étape de la toilette d’hiver du tilleul avec un petit dépouillage consciencieux exécuté par la paire de grimpereaux. Après on rase gratos.
Contrairement à son cousin, le pic vert ne s’en prend qu’à la pelouse dans laquelle il passe son temps à faire des trous. Le roi des scarificateurs.
Au grand désespoir des arbres qui servent de casse noisette.
On le remarque plusieurs fois par jour.
De la cuisine on voyait comme un trait rouge posé sur le montant de la balançoire. J’ai d’abord pensé à des fanes de noisettes laissées là par une pie ou peut être même le pic épeiche.
C’est en m’approchant plus tard que j’ai découverts une carcasse d’oiseau bien entamée. Les frelons asiatiques semblaient être les seuls propriétaires dorénavant des restes de l’animal et avec un bâton j’ai fait tomber le tout pour le pousser sous la haie. Les plumes au sol, d’un léger brun, laissaient penser qu’une tourterelle avait du lutter contre plus fort qu’elle.
Et c’est de retour à la cuisine que je l’ai vu et que j’ai compris. Je ne sais pas s’il cherchait les restes de son repas, s’il était revenu exprès mais cela semblait être une hypothèse acceptable. Dérangé, il avait peut être du aller voir ailleurs et maintenant il semblait contrarié. Il est resté un moment à peser le pour et le contre à réfléchir à tout ça. Rester fier et digne et abandonner sa proie ou s’abaisser à tenter de récupérer la carcasse.
Comme je l’ai vu faire sur Internet, j’ai décoré le mur de la montée d’escalier de diverses photos qui me tenaient à cœur.
Ce sont de beaux clichés, choisis avec soin, encadrés au mieux pour essayer de faire ressortir les couleurs ou les regards des gens qui y figurent.
Cependant, une personne, à qui l’on ferait visiter la maison, prendrait bien garde de les ignorer, de monter ou de descendre les marches en regardant droit devant elle. Peut être, et je la comprends, a t’elle peur de l’intime, de paraître curieuse en s’attardant sur des instants dans lesquels elle n’a pas eu sa place. Peut-être se protège t-elle de quelque chose qui pourrait lui être désagréable.
J’évoquais ce moment où le soleil perce pendant quelque secondes à travers la glycine, juste avant de disparaître.