En février, surtout quand il fait beau et que le ciel est limpide, j’ai toujours vu les arbres comme des racines plantés dans une terre bleue.
L’inconvénient avec ce genre de pensée c’est qu’on a la tendance
inconsciente de pencher la tête sur la droite jusqu’à frôler l’épaule. Une position qui, tout au long de la journée, bouleverse considérablement le sens du monde, à le faire passer pour une visite de Babylone.

Dans le nord, pendant la période du débourrement, certains pratiquent un petit trou de 6 mm de diamètre sur 6 à 8 cm de profondeur dans les troncs des bouleaux, y insèrent en forçant un peu pour l’étanchéité, un petit tuyau relié à une bouteille attachée à l’arbre.
Il leur faut parait-il moins d’une journée pour récolter 2 litres de sève.

Avec lesquels ils feront du vin…

Il y a très longtemps, on a rasé les îfs qui se trouvaient aux bords des prés car le bétail gavé de ses fruits empoisonnés en mourrait.

Alors on les a planté dans les cimetières et les chevaux, ceux qui tiraient le corbillard et qui dans l’attente et le recueillement attrapaient les branches basses des arbres pour les mâcher, s’effondraient en quelques minutes.

Il y a encore plus longtemps,  les anglais utilisaient le bois précieux de son tronc pour en faire des arcs et massacrer les français à la bataille de Crécy. Comme un symbole de la mort.

Aussi celui de la vie.

Il suffit de voir les oiseaux nicher dans ses branches, se nourrir de ses fruits. Il suffit de voir l’enchevêtrement de branche qui empêche de voir tout ce qui s’y passe et qui rendent les nids inaccessibles aux chats.

Si on le regarde maintenant, on ne peut que l’imaginer avec ses feuilles jaunes comme l’or car elle n’apparaitront que dans quelques semaines, avant notre retour. Si on le regarde comme cela, il ne semble pas être le plus vieux des arbres, le seul à résister aux radiations d’un bombe atomique, on a bien du mal à l’imaginer être encore là dans mille ans avec ses feuilles et leurs nombreuses applications médicales.

Non, si on le regarde, même en fermant un œil, même en penchant la tête, on voit surtout, un arbre plutôt tordu.