Etaient-ils là pour se cacher ou pour la dévorer, reste que je les ai découverts dans la salade verte. En la lavant.

Ensuite c’est un ensemble de coïncidences qui s’imbriquent, qui semblent, sur le coup, faites pour donner vie à ce projet, à lui donner sa chance. Comme cette boite de  chaussure disponible dont le couvercle convient parfaitement pour couvrir l’aquarium qui attendait à la cave. Comme le temps, la météo d’abord, assez clémente pour une fin d’octobre mais suffisamment humide pour disperser çà et là des champignons dans le jardin. Une semaine à attendre tout de même, à surveiller mon élevage de deux escargots (rapidement nommés Varg et Veum en hommage à un homme qu’il me tarde de rencontrer) à les humidifier, à les débarrasser de leurs excréments à les rapprocher des bouts de feuilles de salade lorsqu’ils s’égaraient vers le haut de l’aquarium.

Après la séance photo, je les ai relâchés dans un coin du jardin tenu secret. Ils se pourraient que parmi ceux qui nous écoutent, il y ai des chasseurs d’escargots.

– Eh Camille ! Tu ne te serais pas caché dans le  grenier pour y dormir des fois ?

– Oh non ma bichonne / mon bichon…

– C’est ça, prend moi pour une cruche / un cruchon

– Il s’est passé un truc horrible l’autre soir dans un ancien couvent de Versailles…
– …
– J’étais au niveau du jardin, je parlais, je racontais, j’étais dans mon élan, et soudain, en faisant un pas, un posant mon pied par terre,
j’ai entendu le bruit caractéristique de la coquille qui part en mille morceaux, juste sous mon talon.
– …
– Je ne l’ai pas fait exprès, mon cœur s’est glacé une demi-seconde et il m’a fallu pas mal de courage pour regarder le sol.
– …
– Bon, il m’a semblé que la coquille était vide.
– …
– Je t’assure ! Une vieille coquille, une qui avait déjà fait son temps, abandonnée…
– …
– Oh c’est bon, par pitié, ne me regarde pas comme ça !

Jeter un œil en bas

vers le monde

et préférer lui tourner le dos

Mais d’où peut bien te venir cette idée d’aller embrasser les escargots ?

Tu restes parfois un vrai mystère.

Partir juilletiste pour arriver aoutien.

Il était en retard. Depuis longtemps déjà, il aurait du être caché sous la fraicheur d’une feuille gorgée de rosée. Il glissait sur la mousse comme si toute la verdure était un tapis roulant de couloir de métro fonctionnant au ralentit. Je n’ai pas osé l’aider, en l’attrapant pour lui faire regagner au plus vite un tas de feuilles bien à l’ombre derrière la haie. Je ne cherche jamais à m’aventurer dans la vie d’un gastéropode, à être en quelque sorte le battement d’aile à l’origine d’un typhon qui pourrait emporter coquille et contenant.

Après je suis allé faire cuire les pâtes pour le repas du midi car les filles avaient faim. Lorsque je suis revenu, le couple de pigeon ramier s’affairait à retourner le tas de feuilles derrière la haie, à la façon des épagneuls grattant un terrier, à la façon d’un typhon autour d’une coquille de noix.