Sur la liste rouge des Papillons menacés, en France, on ne trouve ce papillon que dans 5 départements du sud Est du pays et plutôt dans les petites montagnes.

Quelle surprise de le découvrir, chez moi, dans la cave, ouvrant ses ailes, cherchant la lumière, comme si les températures n’étaient pas négatives dehors.  Je me demande bien d’où il peut venir, quel chemin il a emprunté pour finir par se poser sur le sol près de la chaudière.

Il n’est pas très en forme, il reste au sol, ouvrant et refermant ses ailes. Je tâche de ne pas l’écraser à chaque fois que je viens chercher un morceau de bois à bricoler, je ne vois pas trop ce que je peux faire, il ne faut sans doute pas intervenir. Le sortir me semble très risqué, s’il souhaite dormir au chaud au milieu des géraniums en hybernation il est le bienvenue lui et son mystère.    

Je l’oublie tous les étés mais les papillons c’est par période. Ils ne se pointent pas tous dès le mois de juin. C’est organisé.
En juin des vulcains, des citrons et des piérides. En juillet des paons du jour et les piérides et seulement en août les azurés (et toujours les piérides).

Donc en ce moment ce sont des ailes bleues en dessous et pointées d’orange qui survolent le jardin tant que le soleil chauffe un peu.

Plusieurs fois que ces deux là je les repère à des horaires répétés. Le geai dans sa maladresse coutumière (consultation le matin à 9h30, l’après-midi vers 15h) et le moro sphynx tout en vrombissement dans les géraniums en début d’après midi. Mais le jour où je me prépare, où je les attends, on peut être sûr qu’ils ne viennent pas.

J’oubli systématiquement que les papillons ce n’est pas temps au milieu de l’été qu’on les vois débouler dans le jardin mais plutôt en fin de saison.

J’en ai vu des beaux en Belgique début août.
Affairés sur un seul arbuste, il y en avait au moins quarante à fouiller les fleurs,
avides d’un truc invisible à mes yeux. Tellement occupés que l’on aurait presque pu les caresser,
leur arracher les ailes ou les épingler directement sur place.
Parmi eux il y avait un vieux machaon aux ailes abimées.
L’une d’elle était si atrophiée qu’il manquait la longue virgule noire si caractéristique,
qui semble d’ordinaire lui faire une longue cape en tissus délicat.
Un air de baroudeur dans des fringues majestueuses. Il ne doit plus rester grand-chose de lui aujourd’hui.
Chez moi ils ne s’attardent pas, le jardin est un lieu de passage,
un couloir aérien qui relie des terres que l’on imagine plus propices.

L’arbuste est moins beau aussi que chez les cousins,
les branches partent dans tous les sens et les tiges semblent avoir longuement hésitées avant de fleurir.

Alors nous avons droit aux papillons de nuit en plein trouble du sommeil, des petits un peu perdus
ou les lourdauds assez bruyants.

Les branches taillées du tilleul nouées ensemble à une extrémité, une veille couverture pour en faire le tour et nous voici sous le tipis installé au milieu du jardin. La vieille chatte Félix (son nom n’a pas encore été modifié suite à la découverte de sa féminité) s’installe dessous avant nous, avant même d’avoir eu le temps de ramener les coussins, les Bds et le jeu de carte. Il y fait agréablement frais, de là, nous pouvons suivre la vie du jardin à hauteur d’herbe. Certains passent sans nous voir, certains nous cherchent encore.

Les rires des enfants, le bourdonnement des insectes,

le gazon doit pousser, plus ou moins sous mes fesses,

n’y pensons pas,

vla l’printemps.